13 - JAVA - LE KAWAH IJEN

Le KAWAH IJEN est un volcan sans équivalent : son lac de cratère est le plus acide au monde. Actif, c'est une usine à souffre. Il a été popularisé en France par Nicolas Hulot (Que tous les indonésiens du coin connaissent), mais il est souvent ignoré des touristes venant d'autres pays (un de mes guides touristiques l'ignore pratiquement!), c'est pourtant le genre de site que vous n'oublierez jamais...

dimanche 19/5

A peine levés, nous avalons notre box-breakfast et quittons Bondowoso à 5h comme prévu, avec guide et chauffeur... (on ne lui demande pas ce qu'il a fait des autrichiens bien sûr!). Nous traversons de nombreux villages avant de nous retrouver au milieu des plantations de café, puis à Sempol, petit village soigné ou nous aurions pu passer la nuit. Il est déjà 7h. Nous continuons en direction de Paltuding, passons une sorte de check-point ou le guide donne nos noms au gardien... j'aurais aimé voir comment ils ont été écrits! Puis nous nous retrouvons sur un parking. Une autre barrière, qui ne sert à rien à mon avis, sinon peut-être pour payer un droit d'entrée (mais c'est alors le guide qui a dû s'en charger). Devant nous, 3 kilomètres de montée, assez facile au début. Nous apercevons les premiers porteurs de souffre avec leur charge... leur démarche est particulière, rapide -ils descendent!-, mais on ne porte pas 80kg comme une serviette de plage !

Nous arrivons au poste de contrôle du poids des paniers..

Puis les porteurs se font plus nombreux, certains sourient, d'autres grimacent, quelques uns s'arrêtent et réclament une cigarette ou une photo en échange d'une pièce... Parmi eux, des jeunes, d'autres relativement âgés... mais on vieillit rapidement dans ce métier... des costauds, des fluets... La pente se fait plus raide, puis nous abordons un chemin presque plat qui débouche sur l'arête du cratère...

Pour une fois, nous avons beaucoup de chance, le ciel est dégagé, il n'y a pas de vent et les fumées qui se dégagent du volcan sont blanches et montent verticalement... bon signe d'après notre guide... qui a insisté pour nous dissuader de descendre dans le cratère si les fumées sont grises... dans tous les cas, l'air ne doit pas être très sain !

Le spectacle est grandiose ! Lac turquoise, le jaune-orangé du souffre, nous devinons les hommes qui s'activent près du dégagement des fumées, ceux qui remontent leurs paniers... cela semble irréel... difficile d'évaluer le dénivelé entre le lac et le bord du cratère ou nous nous trouvons, 200m peut-être ? de toutes façons, même sur le plat, marcher avec une telle charge est une belle performance... alors quand il s'agit de grimper ! Quand les porteurs arrivent ici, ils ont le souffle court, et la plupart posent un moment leurs paniers.

Nous nous approchons du panneau indiquant l'interdiction de descendre... Un indo m'invite justement à braver cette interdiction... c'est bien sur un porteur, qui me propose ses services de « guide » pour améliorer son ordinaire... (la société qui les emploie accepte cette situation à condition qu'ils fassent leur « quota ») Les conditions météo sont excellentes, le site tellement fascinant, qu'il n'a pas besoin d'insister pour que j'accepte sa proposition malgré un début de descente assez impressionnant.

Descente ponctuée d’arrêts pour ne pas gêner la montée des porteurs, ça ne rigole pas sur cette portion ! Descente parfois assez facile, le chemin est parfois très clairement balisé, parfois aléatoire. En bas, tout prêt des tubes canalisant le souffre, d'énormes fumées... J'ai l'impression d'arriver chez Lucifer ! Ces hommes travaillent dans une ambiance incroyable, Zola ou Hugo en auraient fait certainement un roman. Mon guide récupère un morceau de souffre à peine cristallisé, puis remplit un petit godet de souffre encore liquide, qu'il verse sur sa main, dans un tonneau, à quelques centimètres de la surface... le souffre se solidifie dans sa main.

Des hommes cassent la croute de souffre solidifiée, l'un d'eux mord un chiffon imbibé d'eau... c'est le seul qui a une protection (très symbolique !). Des porteurs remplissent leur paniers. Un homme arrose les tuyaux par lesquels s'écoule le souffre, accélérant ainsi la cristallisation, et augmentant la fumée...

Un dernier regard sur le lac le plus acide au monde, sur ce souffre qui fait vivre et souffrir (je sais, c'est trop facile!) … et mourir prématurément ces forçats... puis nous commençons à remonter... Je comprends mieux alors le travail surhumain de ces porteurs : la pente est raide, nous marchons relativement vite et je dois m’arrêter de temps en temps pour reprendre mon souffle, pourtant, je ne porte que mon appareil photo ! (350 grammes!). Quelle galère de remonter ces paniers 2 fois par jour (mais 1 jour sur 2)... à mi-chemin, je m'aperçois que les fumées ont changées, elles sont grises maintenant et virevoltent dans tous les sens, il est temps d'arriver sur la crête. Le lac est caché en partie.

Nous prenons maintenant le chemin du retour, peu de temps après, nous nous faisons dépasser par mon « guide » qui porte maintenant la charge qu'il avait déposée auparavant sur le bord du chemin avant de m'entrainer dans le cratère... Il aura gagné ,en m'accompagnant, autant qu'en portant ses paniers… suis-je trop généreux ?... quand je lui ai donné le billet de 50 000 rupiahs... il m'a dit que le minimum était de 100 000 rupiahs.... mais n'a pas insisté... dans un blog, une fiche de paye datant de 2009, précise que le kilo est payé 600 rupiahs... faites le compte : 600rupiahs x 80 kilos = 48 000... on comprend mieux l’intérêt touristique de cette activité.

De retour au parking, nous faisons les curieux autour du « camion » de Martin, je l'ai appris sur le chemin du retour, le petit garçon qui accompagnait son père photographe près de la zone de récolte du souffre est un petit français, bien chanceux, qui vit une incroyable aventure... Bonjour Martin, et bon vent à toute ta famille...

Nous prenons maintenant la direction de Banyuwangi, le port de Java coté Est, La route, récemment refaite, est bordée d'immenses fougères arbustives. Nous abordons maintenant la plaine, quelques villages, quelques rizières... Le chauffeur nous dépose maintenant devant la gare maritime... après que le guide ait averti ses amis de notre arrivée... Une fois de plus nous sommes sollicités pour prendre leur bus et il est difficile de s'en dépêtrer !

Une heure de ferry, dans lequel se trouve un bus climatisé... nous négocions une place mais les tarifs sont exorbitants... Nous reprenons donc un bus « économique »... 130 Km nous séparent de Denpasar, nous allons mettre 4h30 pour y arriver... Taxi pour Sanur ou nous retrouvons notre losmen vers 8h30.